MARILLION
Script for a Jester's tear (1983) Avec la vague punk et disco, le rock progressif s'était embourbé dans un style pompeux, replié sur lui-même, refusant d'aller vers un rock plus dur, ou bien vers un style plus radiophonique. C'est en 1982 que Marillion ravive la flamme de ce style avec son premier et pimpant single "Market Square Heroes" et sa horde de fan (et son fameux fan-club "The Web", bien avant Internet) que le groupe décroche son contrat avec EMI pour son premier album. Emprunt d'un univers théâtral assez proche de Genesis, Marillion était présenté comme une pale copie du groupe, et en effet, leur premier eP et leurs premiers concerts étaient fortement inspirés de l'univers onirique de Peter Gabriel. Et c'est cet album au nom superbe "scénario pour la larme d'un bouffon" (qu'est-ce que j'adore ce titre, tant par l'image, la musique et ses paroles) que le groupe démontra qu'ils avaient bien leur propre originalité. Avec une approche plus accrochée et impulsive, le style de Marillion n'hésite pas à lorgner sur le Hard-Rock: les riffs de "Forgotten Sons" et la rythmique tellurique de "He Knows You Know" sont là pour le prouver. Comme tout premier album, on entend ici et là quelques maladresses comme cette rythmique pataude, quelques passages vocaux bien trop compliqués à gérer (l'accélération sur "The Script...") ou bien des transitions menées un peu trop à la va-vite. Mais il y a déjà tout ce qui fera le GRAND MARILLION: ces claviers virevoltants et luxuriants, ces riffs de guitares assassins tout comme ce touché si magistral de Steve Rothery et, enfin, la voix (et les textes) de Fish. J'oublie également l'autre marque de fabrique du groupe: ses pochettes. Et là, Mark Wilkinson a fait mouche en décrivant parfaitement l'atmosphère et le style du groupe, avec tous ces petits détails liés aux chansons et à l'imagerie du bouffon, l'alter-égo de Fish. C'était l'âge d'or des vinyles at avoir une aussi belle pochette était également vendeur. Vous n'imaginez même pas le temps que j'ai passé à scruter cette pochette (tout comme celle de "Fugazi") et à lire les paroles de notre géant écossais. Car derrière cette musique, il y a de splendides paroles qui dévoilent toute l'émotion et les tourments du chanteur. Embarqué dans un style théatral et une musique alambiquée, les textes de Fish sont captivants et d'une très grande richesse poétique: une émotion très visuelle avec ses cruels doubles sens (I've gone "solo" / "so low" in the game), qui se marient parfaitement avec la musique. C'est cette symbiose et cette confrontation musique / chant qui a fait de Marillion un très grand groupe. Marillion a pris le meilleur du rock progressif des années 70 et a pris le meilleur du rock du début des années 80, avec notamment, un hard-rock mélodique et radiophonique. Ils sont ainsi devenus le fer-de-lance du renouveau du rock progressif, ou du néo-prog. Et pour couronner le tout, ils se sont construits cette image, ce visuel génial du bouffon toute de suite identifiable, à l'image du zombie Eddie de Iron Maiden, sans oublier ce logo légendaire que j'ai dû dessiné un bon millier de fois sur les tables de classe de mon lycée.
Informations sur l'album:
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