Time's Up de LIVING COLOUR

Time's Up (1990)  

Un deuxième album est toujours critique pour un jeune groupe mis en avant par une star internationale (Mick Jagger), et les Living Colour relèvent le défi haut la main en faisant mieux, plus fort et bien plus authentique. En effet, on peut reprocher au premier album d'être assez consensuel dans sa musicalité (premier vrai album de rock grand public fait par des blacks) ou les racines "blacks" du groupe reste au second plan et viennent teinter un rock standard.

Pour ce deuxième album, c'est un changement de régime avec deux distinctions majeurs: tout d'abord un son plus cru, plus abrupt comme l'entrée en matière avec ce punk-métal de "Time's Up"; puis ensuite leurs musiques natales sont mises en avant (funk, hip-hop et rythmes afro-cubains) qui jouent à jeu égal avec le rock dur.
Les Living Colour ont tant a donné que l'album peut sembler parfois fouillis (tout comme les solos de Vernon Reid qui oscille entre la free-jazz et la rage punk) mais il est bien à l'image de ces new-yorkais cosmopolites, qui prennent autant leur pied sur tous les styles de musique, ouvert au monde et autres cultures. Ils se permettent même de faires de faires quelques expérimentations, avec leurs interludes mais aussi dans leurs morceau comme sur "Fight the Fight", "Time's Up" ou "This Is the Life" où les contre temps peuvent dérouter à la première écoute. Ce sont avant tout des musiciens qui aiment oser et s'aventurer. Il suffit de voir la ribambelle d'invités de marques sur l'album qui proviennent d'univers bien différents: Little Richard, le saxophoniste Maceo Parker, la rappeuse Queen Latifah, le beatboxer Doug E. Fresh, l'acteur James Earl Jones pour sa grosses, quelques autres moins connus de la scène afro-jazz américaine, et bien entendu, Mick Jagger, leur parrain, dans les chœurs.
La voix de Corey Glover est également un cran au-dessus, avec une palette d'émotions plus large, ainsi que des textes plus incisifs qui ne se contentent plus de relater les injustices contre les afro-americains. Textes plus vindicatifs rappelant que les problèmes raciaux, économiques, sociaux et écologiques sont bien l'affaire de tous. Il n'y a plus de temps, c'est l'urgence et tout le monde doit se mobiliser. Des textes, à l'aube des années 90, qui laissent déjà entrevoir que tout va s'empirer: climat, désinformation, économie, criminalité et racisme, d'où la chanson finale aigre-douce et fataliste: la vie ne t'épargnera pas mais c'est bien à toi d'être au-dessus de la fange, si un jour, on veut y arriver et que nos prochains vivent de jours meilleurs.

Au final, "Time's Up" est l'album de référence du rock fusion, quand le terme de fusion exprimait bien le mélange de toutes les cultures musicales. Ce style trop cosmopolite et ouvert sur le monde a vite été balayé par deux mouvements musicaux bien plus radicaux et puissants mais plus hermétiques à l'ouverture aux cultures; je veux bien sûr parler du grunge (avec Nirvana & co) et le métal-rap fusion de Rage Against The Machine.

Informations sur l'album:

• La Track-list:
  1. Time's Up - 3:05
  2. History Lesson - 0:52
  3. Pride - 4:55
  4. Love Rears Its Ugly Head - 4:19
  5. New Jack Theme - 3:30
  6. Someone Like You - 3:47
  7. Elvis Is Dead - 3:50
  8. Type - 6:26
  9. Information Overload - 6:11
  10. Under Cover of Darkness - 4:17
  11. Ology - 1:07
  12. Fight the Fight - 4:32
  13. Tag Team Partners - 0:48
  14. Solace of You - 3:38
  15. This Is the Life - 6:23
• Musiciens:
  • Chant: Corey Glover
  • Guitares: Vernon Reid
  • Basse: Muzz Skillings
  • Batterie: Will Calhoun
  • Guests: Little Richard, Maceo Parker, Queen Latifah, Doug E. Fresh, James Earl Jones, Mick Jagger, etc.
• Edition:
  • Durée:  57:35
  • Sortie le: 28 août 1990
  • Produit par: Ed Stasium
  • Sur le label: Epic
• Genre: Rock Fusion
• Site officiel: https://livingcolour.com/
• Spotify : Time's Up
• Le meilleur titre: Type

• Découvrez également:
  • The chair in the doorway (2009)
  • Collideøscope (2003)
  • Stain (1993)
  • Time's Up (1990)
  • Vivid (1988)