Un de mes films cultes:

Shame




Note des acteurs principaux: 10/10
Note des acteurs secondaires: 8/10
Note du scenario: 8/10
Note de la photographie: 10/10
Note du montage et de la realisation: 8/10
Note de la musique et de la sonorisation: 10/10

(2011) de Steve McQueen 10/10 

Synopsis:
Brandon est un bien séduisant trentenaire bien propre sur lui, bien peigné et tout à fait fréquentable, du moins en apparence. Il souffre en vérité d'une maladie qui consomme sa vie: l'addiction au sexe. Il ne vit que pour ça, enchaîne les filles d'un moment et les prostituées de luxe. Sa quête de sexe comble son manque de rapprochement sensible avec les autres...
Quand sa sœur Sissy, chanteuse un peu paumée, arrive sans prévenir à New York pour s?installer dans son appartement, Brandon aura de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie, son addiction...

Genre:
Addiction sur papier glacé
Scene:
L'inconnue du train
Distribution:
    • Réalisateur: Steve McQueen
    • Acteurs:
      • Michael Fassbender - Brandon
      • James Badge Dale - David
      • Carey Mulligan - Sissy
      • Alex Manette - Steven
      • Nicole Beharie - Marianne
      • Elizabeth Masucci - Elizabeth
      • Lucy Walters - La jeune femme du train
    • Distribution:
      • Produit par: Emile Sherman et Iain Canning
      • Sortie le: 07/12/2011
      • Distribué par: MK2 Diffusion (France)
      • Pays d'origine: Angleterre, USA
    • Autres informations:
      • Durée: 1h41
      • Scénario de: Abi Morgan et Steve McQueen
      • Musique de: Harry Escott
Site Web:
Lien ImdB:
Critique:

Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un tel coup de coeur pour un film (d'auteur). Shame est un film envoutant, traitant d'un sujet un peu dérangeant (l'addiction sexuelle) de manière un peu glauque, mais traitée de manière absolument classieuse. Le réalisateur Steve McQueen maitrise toutes les subtilités de son art: le jeu d'acteurs, la mise en scène, la photographie et le montage.

Une scène culte dés l'entame du film

Le film commence par nous dévoiler de manière indirecte l'addiction du personnage principal, le sexe. Cette scène introductive est entrecoupée par une scène d'anthologie qui se déroule dans le métro. Brandon, joué par Michael Fassbinder, déshabille des yeux une jolie rouquine; mais son regard scrutateur nous invite à comprendre qu'il ne dévisage pas seulement la belle: mais qu'il envisage! C'est une scène d'une très rare intensité, un pur moment de cinéma. Tout est dans le regard: le moindre mouvement de l'iris scrutateur de Michael Fassbinder se posant sur la belle Lucy Walters, déclenche une multitude de sentiments sur sa proie. D'abord un sentiment de gêne, remplacé peu à peu par une pudeur à la puissance sexuelle insoupçonnable. Cette scène vous trouble et vous fera penser à ces quelques regards croisés intimes que vous avez pu avoir dans les transprost en commun avec un(e) bel(le) inconnu(e), sans jamais avoir osé soutenir le regard, ni de faire le premier pas.

Une addiction incarnée

On pourrait résumer le succès, ou du moins le buzz, car "Shame" reste un film d'auteur, à la seule interprétation de Michael Fassbinder. Je savais qu'il était un acteur remarquable, mais là, je suis littéralement conquis par sa prestation. Difficile de trouver les mots tant sa prestation est parfaite. Il suffit de voir et revoir cette scène introductive dans le métro pour comprendre. Je ne m'épancherai donc pas plus sur sa prestation. Je retiens surtout la parfaite alchimie entre un réalisateur, un acteur exceptionnel, un photographe, un musicien et une ville qui fait de ce film un chef d'oeuvre.

New-york New-York!

L'autre personnage de ce film n'est pas la petite Carey Mulligan, mais la ville de New-York elle-même. La caméra se promène dans les rues avec une lumière et prise de vue de toute beauté, tel un magazine de papier glacé. Du bar du dernier étage d'un hôtel, le boss de Brandon le rappelle: "putain j'avais oublié que cette ville est belle". C'est bien la noirceur d'en bas qui agit sur quelques âmes perdues: l'immensité de la ville nous renvoie directement à la vacuité de notre vie citadine. Le personnage de Michael Fassbinder me rappelle celui de Willem Dafoe dans "Lightsleeper" de Paul Schrader; où là aussi, il s'agissait d'un homme perdu dans son addiction et dans sa ville.
Steve McQueen filme donc une ville et un acteur d'exception, et ce sans passer par le numérique. L'oeil de la caméra nous guide là où elle veut et ne nous fait pas sauter aux visages les milles détails d'une ville. Ah ce que j'aimerai que tant de réalisateurs puissent comprendre les méfaits d'une caméra numérique dans un milieu urbain, où le moindre détail devient aussi clair que le premier plan. La photographie de Sean Bobbitt est un pur chef d'oeuvre, tant dans le milieu urbain (le somptueux travelling du jogging nocturne), que dans le milieu intime (la partie fine à 3) avec son aspect côté voyeur.

Une bande son exceptionnelle

Le dernier élément indissociable à la qualité de ce film est sa musique. L'atmosphère sereine et mélancolique composée par Harry Escott est une pure merveille. Et quand les notes de piano de Glenn Gould s'épanche sur la froideur des sentiments de Brandon, on devient totalement envouté par cette atmosphère.
Pour conclure, il est indéniable de clamer haut et fort "Shame" est un chef d'oeuvre. Je préciserai toutefois que cela est un chef d'oeuvre intimiste; c'est un cinéma de connaisseur, un cinéma masculin, un drame urbain, dans lequel il vous faudra vous plonger et ne pas juger la morale du personnage principal: il n'est pas quelqu'un de mauvais, il a juste vécu dans un endroit mauvais. Il s'est réfugié dans le seul exutoire d'un bonheur éphémère, sans comprendre que l'amour et la tendresse pouvait combler la vacuité de sa vie citadine...


Extrait:


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