La Nena de Carmen MOLA

La Nena ()

Carmen Mola - La Nena Voici le troisième et dernier volet des aventures de l'inspectrice Elena Blanco et sans doute le meilleur de la trilogie!
Synopsis: C'est le nouvel an chinois, l'année du cochon, et Chesca est bien décidée à se changer les idées, pour oublier ses tracas avec son amant et collègue, ainsi que les affaires compliquées qu'elle vient de conclure. Charmée par un bel sud-américain, la voilà chez lui, pour une nuit d'étreintes. Très vite, elle se retrouve ligotée et malmenée par 2 garçons-bouchers puant le cochon, bien décidés à se joindre à ce festin copulatoire...
Surpris de ne pas la voir le matin, le reste de l'équipe s'inquiète de sa disparition et commence à chercher où elle peut bien être. Très vite, il comprenne que Chesca a de sérieux ennuis et que les récents mystères qu'elle cachait à ses collègues pourrait être la cause de cette disparation.
Pour mener cette enquête interne, le chef de la police madrilène fait revenir Elena Blanco à la tête de la Brigade pour retrouver Chesca au plus vite, ils sont en effet certains que ses jours sont comptés.
Séquestrée dans une ferme, Chesca n'attend plus rien de ses collègues, son seul espoir réside dans cette étrange petite fille qui vient la voir de temps à autre...

Remarque: lu en espagnol
Titre français: non encore paru
Ma note: ma note
Ma critique:...



Et bien je suis bien content de m'être décidé à lire cette trilogie dans la langue de Cervantes et de ne pas avoir attendu la version française de cette dernière enquête. "La Nena" est de loin la plus palpitante des trois histoires, du fait que la victime est l'un des membres de la célèbre brigade menée par Elena Blanco. Les 3 auteurs (derrière le pseudonyme de Carmen Mola) réussissent ici un tour de maître dans ce thriller teinté de visions d'horreur. Nous ne sommes plus dans le monde high-tech du Dark Web et des snuff-movies mais chez les bouseux, chez les éleveurs et équarisseurs de cochons. Et l'horreur est sensiblement la même, elle reste inhumaine mais nettement plus insidieuse et cruelle, puisqu'elle touche l'un des personnages clés que l'on a aimé découvrir et connaître dans les deux premiers volets.

Et c'est justement la réussite du livre: nous faire découvrir le passé de la femme flic. Au travers de la poursuite contre la montre du reste de l'équipe pour la retrouver, on découvre par leurs enquêtes l'effroyable passé de Chesca, et on comprend mieux sa vocation. Même s'il y a bien une césure entre les deux premiers volets ("La Novia Gitana" et "La Red Púrpura") et ce dernier volet, Il est toutefois utile de les avoir lu pour bien comprendre l'interaction entre chaque membre de l'équipe et la personnalité de Chesca.

Et quelle poursuite contre la montre! C'est un livre qu'on dévore d'une traite, malgré quelques passages bien gores. Il faut avoir l'estomac bien accroché et avoir un bon cardio pour poursuivre cette enquête qui nous mène aux 4 coins de la province de Castilla-La Mancha (les 2 splendides villes de Ségovie et Cuenca en l'occurrence) sans que les enquêteurs puissent reprendre leur souffle. Les inspecteurs ont beaucoup de réussite mais ont toujours un coup de retard. On découvre peu à peu le mystère autour du passé Chesca et l'identité de ces dégénérés qui ont séquestré l'inspectrice, mais le doute persiste jusqu'au dernier tiers du livre, et ce, de façon haletante.

Comme à leurs habitudes, les scénaristes jouent avec nos nerfs en nous faisant croire de vraies pistes pour des fausses, et des fausses pour de vraies. La vérité est dans la fosse aux cochons et sur le mystère de la petite fille, la "Nena". Son histoire est très bien amenée. On ne sait d'où elle sort, qu'elle est son rapport avec la mystèrieuse Valentina. Bref, la découverte de cette famille de bouseux est rondement bien menée: on se croirait dans un remake espagnol du film d'horreur "La Colline a des yeux". On a d'abord des images furtives de leur monstruosité et peu à peu leur histoire se lit dans la lie de la porcherie familiale.
On peut donc bien utiliser le terme de gore pour décrire certains passages du livre: amis végans, vous allez ADORER! :) Il ne faudra pas craquer pour connaître le fin mot de ce livre qu'on avale d'une bouchée.

Les écrivains espagnols ont par ailleurs très bien joué sur la corde sensible de l'incorruptibilité de ces flics face à l'indicible: ils ont été à deux doigts de craquer, et l'on perçoit clairement les fissures de ces hommes et femmes du bien qui luttent contre le mal absolu. On découvre ainsi que le passé de Chesca n'est pas aussi parfait que cela. Son désir de vengeance l'a-t-elle conduit droit dans la bouche du loup? On en est inconsciemment persuadé mais on y refuse de le croire, pour espérer qu'elle puisse en sortir vivante...
En conlusion, c'est un parfait polar d'action, peu psychologique mais qui dégage en nous une grande ambivalence, celle d'aller au plus vite, afin que le calvaire de Chesca cesse au plus vite, et d'une autre côté, on voudrait que les égarements et les contre-temps de l'enquête perdure. Il y a ce désir haletant et ambigu que l'on voudrait que ce livre, que cette trilogie d'ailleurs, ne s'arrête pas. Comme le dit si bien l'un des inspecteurs, "à chaque enquête, on perd une partie de notre âme" et ces 3 histoires mettent à nu les convictions de chacun des protagonistes: au final, personne ne sortira indemne de cet enfer.
Les 3 écrivains espagnols ont conclu brillamment cette trilogie: vivement leur nouveau livre, qui nous plonge dans le Madrid du début du XIXème siècle.

Références


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