King Crimson en concert 3 soirs de suite à l'Olympia

Petit retour sur mes impressions sur les 3 concerts de suite de King Crimson ce mois de novembre 2018.
King Crimson ne fait plus d'albums mais continue de tourner 4 à 5 mois par an à travers tout le globe. Ce king Crimson est bien différent des versions disques avec un groupe de 8 musiciens dont 3 batteurs! Et comme ce sont des musiciens hors pair, je me suis offert les 3 soirées!

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Robert Fripp ne fait comme pas tous les autres artistes et déplore que les tournées soient vues comme des actions promotionnelles. 5 ans après le dernier albul du guitariste et depuis le retour de Mel Collins au saxo sur "Scarcity of Miracle", le maître à penser du Roi Pourpre se remet à aimer la scène, à mieux tolérer le public et surtout rejouer le mythique "21st Century Schizoid Man", morceau qu'il avait refuser de jouer sur près de 40 ans de carrière!

Old-school et New school

Avec une liste de 45 morceaux qu'ils maitrisent et ont joué depuis ces 4 dernières années, le groupe a interprété sur ces 3 soirées 34 morceaux différents, mêlant bien des anciens morceaux (des 5 premiers albums) et des plus récents, et les inédits parus qu'en version live ces dernières années. Tous les fans du Roi Pourpre en ont donc pour leur compte, même s'ils ne jouent pas systématiquement "21st Century Schizoid Man".
Pour ma part, j'ai ma petite préférence pour la période moderne mais il faut avouer que ce line-up a totalement revisité ces vieux morceaux. La voix de Jakko Jakszyk est splendide, encore plus puissante et plus envoutante. Il suffit d'écouter les premiers lives de 2014 pour voir comment il a progressé

Des morceaux de choix

Le public plus âgé a été gâté, avec pas mal de vieux morceaux. Parmi ceux que je retiens est en haut de la liste "Easy Money" avec son final dantesque à couper le souffle, qui s'éloigne à chaque fois du morceau original. La complainte hurlée de Jakko Jakszyk est d'une beautée sidérale alors que les 8 musiciens ont toutes les occasions pour improviser et s'éclater. Les 2 autres morceaux que j'ai adoré est d'une part le très séquencé "Discipline" avec une très belle variation initiée par Tony Levin et Pat Mastelotto sur le deuxième soir. Et d'autre part il y a ce fameux Lark's Tongues in Aspic (Part IV) issu de "The construKction of light" (2000), très technique et très métal, que Gavin Harrison qualifie de morceau le plus dur à jouer, ne permettant pas ou très peu d'improvisation.<br>
J'ajouterai enfin "Starless" car cette sonate (et oui, cela en est une) est de toute beauté, avec calme et beauté au début, puis une furie déferlante technique, plongée sous une lumière rouge angoissante, avant de refaire surface avec un final majestueux.

Le bon, la brute et le truand

Avec 3 batteurs, tous les soirs c'est un film différent qui donne le tournis, puisque la plupart du temps, ils se défient et se passent en relais une injonction rythmique qu'ils doivent répliquer. Le public est comme à Roland Garros et assiste à cette joute rythmique, avec comme protagoniste Gavin Harrison (l'ancien de Porcupine Tree), alias le bon, qui est là pour apporter du piment et de l'innovation au jeu (et faire le gros solo de batterie de la soirée), Jérémy Stacey (batteur d'Aztec Camera dans sa jeunesse), alias la brute, qui est là pour garder le rythme et surtout taper bien fort sur sa batterie (plus basique que celle de ses compères) et enfin avec Pat Mastelotto (batteur de King Crimson depuis déjà plus de 20 ans), alias le truand, qui est là pour ajouter ses incartades de percussions et surtout pour lancer les joutes rythmiques, et déjouer ses compères en mimant un coup de plus (ou en moins)... La battle sur "Indiscipline" a été 3 fois un passage de grande classe et plein d'humour. C'est un régal de voir ces 3 batteurs et d'écouter 3 styles complémentaires.

M. Fripp et ses facéties

Comme à leur habitude, fallait arriver à l'heure (ils bloquent les portes à l'heure pile et il faut patienter 20 minutes, 20! pour entrer). Je m'étais déjà fait avoir et c'est normal quand on vient voir Monsieur Robert Fripp. Il faut faire acte de dévotion et montrer toute notre gratitude envers sa personne. Trêve de plaisanterie, Robert Fripp tient vraiment à ce qu'on reste concentrer sur ce qu'il joue et n'aie donc pas être dérangé. J'ai eu la chance d'être parmi les heureux de voir M. Fripp en personne (enfin, j'ai payé à prix fort le royal Package). Très aimable, il nous a rappelé sa vision de l'industrie musicale (qu'il méprise au plus haut point) et la difficulté d'exercer son métier, en étant constamment sollicité par ses fans. Il faut le prendre tel qu'il est et à vrai dire, ce qu'il nous demande est finalement bien peu de choses et cela permet d'avoir une vue et une écoute formidable (il n'y a rien de plus terrible que d'avoir un gars avec son smartphone en l'air, ou 2 autres qui commentent chaque morceau joué).

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Pas de photos ni de video, SVP

3 soirs mais quel soirée?

Entre ces 3 concerts de suite, il m'est difficile de dire quel concert était le mieux. Le deuxième concert m'a paru un peu en dessous, où les musiciens sont parus un peu plus individualistes (à vouloir apporter une impro), mais aussi que Gavin Harrison semblait un peu vexé (une remontrance de Mister Fripp!?!), que Mel Collins avait un problème sur son Alto-saxo à plusieurs reprises. J'ai ma préférence pour le premier soir, du fait que c'était la soirée des retrouvailles, et pas trop près (rang 12), pouvant ainsi mieux capter tous les instruments et les différences de jeu entre les 3 batteurs...
En allant discuté avec l'ingénieur du son juste avant le troisième concert, il m'a également dit que le premier concert était magnifique. Pour le dernier, soir, du fait que j'étais collé au premier rang entre la bourrinage de Jeremy Stacey et les roulements de Gavin Harrison, mon audition n'a pas été des plus confortables (veinard et mécontent, sacré français que je suis) et donc difficile de faire la part des choses de ce troisième concert fût le plus court (2H25), alors que les autres ont dépassé les 2H45.

Au final, 3 splendides soirées que j'ai pu partagé avec ma cousine (pour le 2ème soir) et les 3 soirs avec Jacky, un autre fan du Roi Poupre, avec lequel j'ai beaucoup d'atomes crochus musicaux et qui fait que l'on se croise en moyenne 5 à 6 fois par an en concert! Vivement le prochain avec Jacky et surtout King Crimson, qui nous ont confirmé qu'ils feraient quelques festivals l'été 2019 (Festival de Vienne?).
Et pour ce prochain concert, idéalement, il faudrait être au milieu vers le 7ème rang, pour pleinement apprécier ce formidable spectacle.

Les musiciens:

  • Robert Fripp - Guitare & Mellotron
  • Jakko Jakszyk - Guitare & Chant
  • Tony Levin - Basse, Stickbass & Chant
  • Jeremy Stacey - Batterie & synthé
  • Bill Rieflin - Synthétiseurs & Mellotron
  • Pat Mastelotto - Batterie & Percussions
  • Gavin Harrison - Batterie

 

La set-list du jeudi 15/11/2018:

  • Hell Hounds of Krim
  • Neurotica
  • Suitable Grounds for the Blues
  • Indiscipline
  • Cirkus
  • Lizard (Bolero -> Prince Rupert's Lament)
  • Epitaph
  • Radical Action (To Unseat the Hold of Monkey Mind)
  • Radical Action III
  • Meltdown
  • Radical Action II
  • Level Five
  • -- Entracte
  • Devil Dogs of Tessellation Row
  • Islands
  • Discipline
  • One More Red Nightmare
  • Moonchild
  • The Court of the Crimson King
  • Easy Money
  • Larks' Tongues in Aspic, Part Two
  • Starless
  • Encore: 21st Century Schizoid Man

La set-list du vendredi 16/11/2018:

  • Larks' Tongues in Aspic, Part One
  • Suitable Grounds for the Blues
  • One More Red Nightmare
  • Epitaph
  • Red
  • The Letters
  • Sailor's Tale
  • Moonchild
  • The Court of the Crimson King
  • Discipline
  • Neurotica
  • Indiscipline
  • -- Entracte
  • CatalytiKc No. 9
  • The ConstruKction of Light
  • Fallen Angel
  • Cirkus
  • Lizard Suite (Bolero -> Prince Rupert’s Lament)
  • Interlude
  • Cadence and Cascade
  • Radical Action (To Unseat the Hold of Monkey Mind)
  • Radical Action III
  • Meltdown
  • Radical Action II
  • Level Five
  • Encore:Starless

La set-list du samedi 17/11/2018:

  • Hell Hounds of Krim
  • Peace: An End
  • Pictures of a City
  • Cadence and Cascade
  • Indiscipline
  • Suitable Grounds for the Blues
  • Larks' Tongues in Aspic (Part IV)
  • Islands
  • Discipline
  • Neurotica
  • The Letters
  • Radical Action (To Unseat the Hold of Monkey Mind)
  • Radical Action III
  • Meltdown
  • Radical Action II
  • Level Five
  • -- Entracte
  • Devil Dogs of Tessellation Row
  • Larks' Tongues in Aspic, Part Two
  • Cirkus
  • Lizard Suite (Bolero -> Prince Rupert’s Lament)
  • Moonchild
  • The Court of the Crimson King
  • Encore: Starless

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