Termination Shock de Neal STEPHENSON

Termination Shock (2021)

Neal STEPHENSON - Termination ShockHat-trick littéraire avec le troisième roman à la suite que je lis de Neal Stephenson, et son tout dernier en date
Intrigue: Dans un futur très proche où la montée des eaux ravagent peu à peu les côtes du monde entier, la reine des Pays-Bas, est invitée à une rencontre secrète au Texas, où un multimilliardaire, l’inénarrable T.R. Schmidt, a commencé à construire son projet écologique: projeter du soufre dans la stratosphère, afin de compenser le réchauffement climatique.
Son projet d'ingénierie climatique a quelques risques et des conséquence à court terme difficile à prévoir et c'est au travers de quelques personnages que l'on découvre les tenants et aboutissants de la lutte contre le réchauffement climatique: survivre, s'adapter, ne plus consommer pour ne plus polluer ou bien agir avec force, quitte à mettre en péril une partie de la population pour le bien de la planète toute entière?
Le réchauffement climatique est une catastrophe inéluctable. Et si l’ingénierie climatique était pire?

Remarque: lu en anglais
Ma note: ma note
Ma critique:...



Neal Stephenson s'était déjà attaqué au sujet du réchauffement climatique et plus particulièrement à l'écoterrorisme dans l'un de ses premiers livres (Zodiac). Là, il généralise le débat sur 3 axes: le pouvoir politique de la Reine Saskia des Pays-Bas, le pouvoir de l'argent du Milliardaire visionnaire de T.R. Schmidt et celle du petit indo-canadien, Laks, témoin et pion dans le jeu étatique d'actions et de réactions face au bouleversement climatique.

Autour des 3 personnages s'ajoutent d'autres personnages secondaires d'importance pour venir tisser une toile et une histoire bigarré comme les aime l'auteur américain.
Pour lui, il n'y a pas 6 degrés de séparation entre le quidam et un grand de ce monde, mais bien 3. C'est ainsi qu'il mêle de simple citoyens face à ses puissants personnages. Et puis, pour Neal Stephenson, une histoire sans science et sans action n'a pas de sens. Il nous propose donc ici un thriller technologique très papillonaire qui se mue peu à peu en western futuriste alambiquée de romantisme avec la Reine et un bouseux américain chasseur de gros nuisibles.
C'est donc une histoire un peu à dormir debout. Le début du livre, qui raconte très bien les bouleversements climatiques impactant le cœur des Etats-Unis, se mue rapidement en un bavardage sans fin entre les puissants de ce monde sur ce qui peut être fait et à quel prix. Neal Stephenson était déjà connu pour ses discours "théoriques", techniques et savants, mais là, il n'y a rien de cela, où très peu. Qu'apprend-t-on? Et bien qu'à part qu'en effet envoyer du souffre dans la stratosphère permet de renvoyer les rayons du soleil dans l'espèce et ainsi atténuer le réchauffement climatique. Mais que ses effets collatéraux sont difficile à modéliser et que le bénéfice ne sera pas également réparti, voire même inverse à court terme par endroits.
Bref, sur le débat d'idées pour comment lutter contre le réchauffement climatique, je m'attendais à bien plus de la part de l'auteur.

L'auteur nous fait également découvrir une zone de conflits des plus étranges: la ligne de partage entre l'Inde et la Chine, zone montagneuse de 3500km de long de 20km de large en moyenne, où la frontière réelle est théorique et sans cesse contestée, même de nos jours; comme l'en témoigne cet article du journal Le Monde. La particularité de ce conflit est que l'accord "de paix" concerne les armes de guerres; mais pas le conflit à mains nues. Cela fait donc plus de 50 ans que Chinois et Indiens se battent régulièrement à coups de bâtons et de lancées de pierres pour reprendre la zone floue autour de cette frontière non reconnue.

C'est d'ailleurs dommage que l'auteur n'est pas plus mondialisé son roman: les bouleversements climatiques vont certainement engendrer des tensions entre pays, pour accéder à l'eau dans les zones de sécheresse, et migration de masse pour ceux qui doivent fuir la montée des eaux. Neal Stephenson n'aborde rien de cela, comme si la plupart des Etats étaient dans l'indifférence totale face à ce sujet et que seuls quelques petits états (les Pays-Bas et la cité-état de Venise, devenue indépendante) en collaboration avec le milliardaire américain, décident de lutter contre le réchauffement climatique.

Le seul point d'intérêt arrive à la fin, où l'auteur iconoclaste met en lumière ce que sera les guerres de demain: d'une part ces canons à faisceaux d'ondes destinés à désorienter et endommager nos neurones, et d'autre part les drones. Le conflit ukrainien est bien la preuve que les drones sont désormais bien plus que des yeux dans le dos de l'adversaires. Ils permettent d'attaquer des points névralgiques sensibles qu'un missile pourra difficilement atteindre. Et pour lutter contre ces drones, Neal Stephenson a l'idée géniale d'utiliser des faucons pour mettre à bas ces nouvelles armes tactiques.
Cet aspect du moderne warfare est bien vu mais au final, son roman semble bien creux et assez mal ficelé. Dommage.

Références


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