Reamde (2011)
Et un autre pavé de Neal Stephenson avec ce techno-triller en mode shoot-out!
Intrigue: Quand la mafia russe s'empare d'un des plus gros fichiers de cartes bancaires et quand dans le même temps, ce fichier se retrouve corrompu par un ransomware pour une somme dérisoire, on entrevoit l'aspect jubilatoire où ces criminels sans limites ne font faire qu'une bouchée de ces petits hackers du dimanche.
Sauf que les hackers sont en chine, que la rançon doit être restituée dans un des jeux multi-joueurs du moment et que la nièce du créateur du jeu se retrouve impliquée malgré elle. Et qu'au beau milieu de ce nouveau terrorisme virtuel, il existe toujours le terrorisme fanatique qui va entrainer tous ces protagonistes dans une course-poursuite infernale à la fois dans l'univers virtuel et le monde bien réel, entre la Chine, les Philippines, le Canada et le nord des USA...
Remarque: lu en anglais
Edition française: Les deux mondes
Ma note: 
Ma critique:
Comme à son habitude, Neal Stephenson n'y va pas de main morte: encore un énorme pavé de plus de 1000 pages où il faut s'accrocher sévère tant cela va vite. Une œuvre rocambolesque et jubilatoire qui se lit d'une traite et qui vous laissera peu de répit tant les univers sont variés: monde réel, nouvelles technologies et l'univers virtuel des jeux. On passe de l'un à l'autre avec le plus grand des plaisirs, ce "Reamde" est un fait le parfait techno-thriller pleins d'actions et de rebondissements.
Pré-requis et préliminaires
L'entame du livre est un peu longue car elle sert à planter le contexte, et une partie du périmètre géographique qui aura son importance: celui des rocheuses canadiennes. On découvre tout d'abord l'un des héros du livre: le créateur du fameux jeu "MMORPG" (pour "Massively Multiplayer Online Role-Playing game soit en français "Jeu de rôle en ligne massivement multijoueur"), à savoir Richard Forthrast. Ayant fui l'Iowa dans les années 1970 pour échapper à la guerre du Vietnam, il a fait fortune en important illégalement de la marijuana sur le territoire américain depuis le territoires des montagnes rocheuses canadiennes. Passionné de jeux vidéo, il y a ensuite investi une partie de son argent dans la société Corporation 9592, qui exploite T'Rain, le jeu le plus en vue du moment. Depuis, il motive ses équipes à créer de nouvelles intrigues narratives et passe une partie de son temps dans ses contrées perdues au nord des USA.
Même si l'auteur s'égare un peu dans la description d'une Amérique profonde où les armes font religion, et quelques interminables discussions sur la conception des jeux de rôles, on découvre vite l'héroïne du livre: Zula, la nièce de Richard qu'il vient juste d'embaucher. Zula, jeune Erythréenne adoptée par cette riche famille, est fiancée avec un jeune hacker, qui vient de mettre la main sur un énorme fichier de carte bancaire qu'il revende à un intermédiaire lié à la Mafia Russe. L'ennui, c'est que cet intermédiaire se fait piraté son PC par un ransomware. Ivanov, son donneur d'ordre russe est alors prêt à tout pour retrouver et liquider le créateur du virus, et embarque de force Zula et son fiancé à retrouver le hacker quelque part sur l'ile de Xiamen...
Et ce règlement de compte va vite partir en couille et devenir totalement déjanté.
Le virus, moteur d'intrigue
Malgré ces préliminaires forcés qui nous plantent le décor, la première partie explore les vices des virus: celui des armes pour l'Amérique, celui du jeu, celui de plaisir de l'interdit et surtout celui du virus informatique. Et quand la mafia russe se fait avoir à son propre jeu en se faisant hacké, on commence à jubiler sur leur ténacité à vouloir liquider ces petits "hackers de merde". Qui n'a pas voulu faire la peau à ces v(i)oleurs de données et d'identités? Et bien c'est la génèse de cette intrigue jubilatoire.
Au delà de ces vices, l'auteur met également en avant que ces virus, ces débordements d'opportunités sont à la base de toute évolution. Après la pornographie qui a été l'un des principaux moteurs d'innovations dans Internet (fenêtre modales, gestions des cookies et référencement, sans oublier les contraintes de diffusion de médias toujours plus volumineux), c'est bien la sécurité des systèmes et des données qui est aujourd'hui au coeur de l'innovation.
Comme quoi, la contrainte est structurante et un des facteurs clés pour une innovation durable.
Une intrigue hackée par un gambit génial
Dans le prolongement du concept du virus qui vient dérégler la course normale d'un système, le génial auteur américain applique cette logique à sa propre histoire, en venant contre-carrer le fil logique de sa narration. Alors qu'on imagine un déboulement facile des criminels russes venant annihiler la bande de hackers pour notre plus grand plaisir, voilà que Neal Stephenson nous offre un formidable twist au bout du premier quart du livre. Le fil de l'histoire semble aller de sens, mais l'auteur a cette génial idée de faire tomber une énorme couille dans on potage, un truc invraisemblable et totalement rocambolesque, pour notre plus grand bonheur.
Un livre pour gamer shoot-out thriller
La suite est totalement débridée et sort des sentiers battus: c'est une course-poursuite à trois bandes où chaque protagoniste tient son rôle et sa piste. Même si c'est totalement rocambolesque (passage des frontières, explosions et bravades), c'est totalement jubilatoire. C'est comme le scénario d'un blockbuster américain: plus c'est gros, plus ca passe, surtout avec de l'action. A partir de là, ce romain est un chef d'ouevre de roman d'actions: une demi-douzaine de personnages autant attachnat que les uns que les autres. Chaque lecteur se retrouve dans au moins deux des héros. On ne s'ennuie vraiment pas et la fin est un "Shoot-out" de jeux-vidéo sur près de 200 pages. Un régal.
Dommage que Neal Stephenson n'a pas achevé son oeuvre par le massacre du méchant dans la "Prohibiton Crick", cela aurait parfait et amplement justifié le début un peu longuet.
Pour conclure, ce techno-thriller est presque aussi bon que "Cryptonomicon", que je conseille à tous.
