Cry Baby de Mark BILLINGHAM

Cry Baby (2020)

Cry Baby de Mark BillinghamRetour de l'inspecteur Tom Thorne, avec un préquel à la saga, avec l'une de ses toutes premières enquêtes.
Intrigue: Juin 1996, alors que toute l'Angleterre s'apprête à vivre à l'heure de l'Euro de football, le jeune Kieron disparait suite à une partie de à cache-cache dans un bosquet londonnien. C'est l'inspecteur Tom Thorne qui mène l'enquête, secondé de près par ses supérieurs, qui veulent que cette affaire soit conclue au plus vite.

Tom Thorne n'est plus le jeune inspecteur prometteur. Toujours marqué par sa première grosse enquête, il est en proie au doute et à ses fantômes. D'autant plus que sa vie personnelle est plus que tourmentée en instance de divorce avec sa femme Jan.
Bien décidé à ne pas passer au trvaers de cette enquête, il fait pourtant face à un mur. Aucune piste ne semble crédible et pour compliquer le tout, le suspect numéro un se fait tuer.

Remarque: lu en anglais

Titre français: Non encore paru (été 2020)
Ma note: ma note
Ma critique:...



Cette 17ème enquête avec l'inspecteur Tom Thorne est fait la toute première de la saga, puisqu'il s'agit d'un préquel. On revient 20 ans en arrière dans la vie de l'inspecteur. C'est l’occasion rêver pour tout ceux qui ne connaisse pas Mark BILLINGHAM de le découvrir, et d'attaquer ensuite avec "Sleepyhead" (Dernier battement de cil), l'un des meilleurs thrillers anglais de ces 20 dernières années.

Un préquel pour un nouveau départ

Nous voilà donc 2 décennies en arrière, en 1996, avant donc "Sleepyhead" (Dernier battement de cil) où je découvrais avec enthousiasme cet inspecteur attachant sans être charismatique. Et on retrouve cet univers si british: bière, foot et tasse de thé!
En effet, en ce mois de juin 1996 commence l'Euro de foot qui se déroule justement en Angleterre. Et Tom Thorne aimerait bien pouvoir regarder bon nombres de matchs et oublier sa vie compliquée: la séparation avec sa femme qu'il supporte mal; et les fantômes de sa première grosse enquête, 10 ans plus tôt, qui continue de le marquer, de nuit comme de jour. Sur une simple intuition, il avait identifié un tueur en série mais avait tardé à le confronter, lui laissant le temps de trucider ses proches et de se suicider. Depuis, ses nuits sont souvent hantées par la vision cauchemardesque de la découverte de la famille trucidée. Et de jours, ses collègues lui rappellent inconsciemment ce fait d'armes, en espérant de lui qu'il aura de nouveau cette intuition, cet instinct de débusquer les criminels.
Et pour cette enquête sans indice, l'intuition de l'inspecteur va devoir être mise à rude épreuve.

Une disparition et peu de pistes

La trame de ce polar se repose donc sur la disparition d'un gamin de 7 ans, Kieron, alors qu'il jouait avec son meilleur ami à cache-cache dans le bosquet derrière le jardin d'enfants. L'autre enfant, Josh, est étrangement muet, disant que c'était lui qui se cachait, et ce n'est au bout de longues minutes qu'il est sorti pour rechercher son copain. Un seul témoin oculaire croit avoir vu un enfant entrer dans la voiture d'un monsieur. Mais rien n'est sûr. Les 2 mères n'ont également rien vu. Maria profitait de l'absence momentanée de Cat pour savourer une cigarette, une cigarette au goût bien amer après coup, car c'est sous la responsabilité de Maria que Kieron a disparu.

Une trame plus psychologique

Une bonne partie du livre se concentre surtout sur la psychologie des principaux personnages. La mère dévastée, la copine qui se culpabilise et le flic en proie aux doutes.
L'auteur est bien plus à l'aise avec le profil de la copine et de son inspecteur fétiche, que de la mère. On a du mal à rentrer dans la peau de la mère dont son fils a disparu. L'intrigue laisse sous-entendre qu'elle ne s'occupait pas assez de son fils, certes, j'attendais un peu plus de mélodramatique ou de crises de la part de la mère que cette apathie dévastatrice...
C'est un peu le bémol de ce livre. Pourtant, Mark Billingham a déjà traité le sujet de manière plus crédible (les enquêtes d'Helen Weeks). Il aurait été bien de rappeler que bien souvent c'est la sidération qui frappe les parents et de mettre un(e) psychologue au service de la mère et de la police pour cette enquête. L'autre point un peu "facile" est que la police réagit au quart de tour et qu'elle est là dans l'heure après la disparation du gamin, sans qu'aucun témoin visuel ne confirme une quelconque abduction.

Une enquête alambiquée

Face à l'absence d'indices, l'auteur complique l'histoire en alternant entre la vie des 2 femmes, puis celle de l'inspecteur, et par ci et par là à l'enfant disparu. A chaque nouveau personnage entrant en scène, mystère sur son identité, il faut comprendre un peu plus tard de qui il s'agit et comme parfois l'auteur fait référence à ce que font les autres pendant le même moment, cela crée un peu un écran de fumée, et de doute. J'ai du revenir en arrière pour valider si j'avais bien lu (rappel, c'est la version anglaise que j'ai lu) pour comprendre si c'était juste factuel ou un indice clairement posé.
En fait, c'est surtout que l'on nage en plein désarroi dans le déroulement de l'enquête. Le premier suspect semble trop beau pour être vrai: un toxicomane homosexuel et asocial, ayant une affaire avec un mineur il y a quelques années de cela. Et Tom Thorne comprend vite qu'il n'est pas le coupable. Et la mort prématurée de ce suspect vient jeter le pavé dans la marre dans cette enquête déjà bien trouble.
Il faut attendre que les choses se reposent et que les 2 femmes reprennent leur vie au quotidien (où qu'elles essayent de le reprendre) pour que l'on constate l'ambivalence autour d'elles; et que l'on entrevoit la silhouette du coupable. La mort d'un deuxième suspect est le déclencheur pour que l'enquête aille plus vite mais il faudra bien attendre les dernières pages pour découvrir la véritable identité du tueur.
Mark Billingham laisse parfaitement planer le doute en donnant aucune motivation sur le coupable. Pourquoi le séquestre-t-il? Il faut attendre les toutes dernières pages pour comprendre; et c'est sans contexte la réussite de ce polar.

Un préquel pour découvrir les racines du profil du héros

Quand un écrivain tient "son personnage", et c'est le cas avec Mark Billingham et son "Tom Thorne", il est normal qu'il y ait cette facilité de faire un préquel, de revenir sur les faits marquant qui ont dessiné le profil psychologique de son inspecteur. On découvre donc l'histoire du Serial-Killer Calvert qui hante les nuits du flic, mais c'est surtout deux faits avec lesquels on se délecte dans ce livre.
Tout d'abord la découverte de la première rencontre avec Phil Hendricks, le médecin légiste, qui devient l'ami de Tom Thorne par la suite. C'est un plaisir de voir leur première discussion, leurs premières piques, tant professionnelles que footballistiques. Peu de remarques sur le physique car c'est l'un des autres clichés que Tom Thorne incarne: la tolérance britannique sur son paraître. Hendricks est tatoué et piercé jusqu'au bout de la langue, et jamais il ne fait une remarque sur cette étrange accoutrement, qui n'a rien à voir avec ses compétences professionnelles...
L'autre aspect est bien entendu son entêtement à tenir tête de ses supérieurs, et ce malgré le très bon conseil de l'inspecteur général. On comprend ainsi mieux pourquoi Thorne est toujours vu comme un chat noir par ses supérieurs.

Vers un autre préquel?

Espérons que Mark Billingham ne nous refasse pas trop le coup d'une autre enquête dans la vie de son inspecteur fétiche. C'est sur que j'ai un peu délaissé sa dernièr enquêtes (The Killing Habit) au profit du bien plus drôle Logan McRae du tout autant prolifique auteur écossais Stuart McBride. Le personnage de Tom Thorne est à l'image de l'Angleterre, pluvieux, flegme et taciturne, et du coup, plus ennuyeux. Son homologue écossais a cette exubérance face à la fatalité que Thorne n'a pas. Comme BILLINGHAM le dit justement dans l'interview croisée avec Michael CONNELLY (voir + bas), il avait ce besoin de revenir aux sources de ce mal-être de son héros.
C'est donc un incontournable pour les fans de l'inspecteur. C'est une bien belle réussite, malgré quelques facilités (la disparition traitée dans l'heure et une mère assez apathique). Cette enquête va sans doute donner l'idée à l'auteur anglais de revenir vers cette première grosse affaire qui hante la vie de l'inspecteur. Non pas de son point de vue où il est tout jeune inspecteur, sans expérience, mais de celui l'inspecteur en charge d'identifier le serial-killer...

Références

L'interview croisée

Et puis je vous laisse découvrir cette double auto-promotion entre Mark Billingham et Michael Connelly, un des mes autres auteurs favori.


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