La Bestia de Carmen MOLA

La Bestia ()

Carmen Mola - La Bestia Après la trilogie de la Fiancée Gitane, voici le nouveau livre de(s) Carmen Mola, un thriller historique glaçant dans le Madrid de 1834.
Intrigue: En 1834, la région de Madrid est accablée par une épidémie de Cholera et depuis la mort du roi Ferdinand VII quelques mois plus tôt, des luttes insistantes et sournoises menacent le royaume et le futur avènement de la reine Isabelle II, encore trop jeune pour régner.
Et come un malheur n'arrive jamais seul, une bête assoiffée de sang s'attaque aux jeunes filles des quartiers pauvres de la capitale. Elles disparaissent à la nuit tombée et on les retrouve démembrées quelques semaines plus tard. Les rumeurs les plus folles se déchainent sur la véritable identité de la bête.

Dans ce climat insurrectionnel, les autorités n'ont que faire de cette affaire. Seul Diego, un journaliste, accompagné de son fidèle ami Donoso, policier de réserve, semblent vouloir identifier et arrêter cette bête monstrueuse. Dans leurs quêtes dans les bas fonds de la société madrilène, ils croisent la jeune et méfiante Lucia. Elle vient de voler le même anneau qui est enfoncé au fond de la gorge des jeunes victimes et dit avoir vu la Bête. Elle se sait recherchée également par le frère Braulio, un moine guerrier, qui lui aussi veut à tout prix récupérer son précieux butin.
Lucia et l'anneau sont la clé qui fera découvrir la véritable identité de la bête, et de son mobile macabre.

Remarque: lu en espagnol
Titre français: non encore paru
Ma note: ma note
Ma critique:...



Après avoir dévoré la Trilogie des enquêtes d'Elena Blanco, je me suis attaqué à une nouvelle bête de près de 550 pages, et ceci en Espagnol (va falloir attendre la version française encore un peu)! Alors que je m'étais agréablement surpris d'avoir repris si facilement mon espagnol (merci à la liseuse d'avoir le dictionnaire intégré), j'ai eu nettement plus de difficulté pour lire ce roman. En effet, le livre regorge de descriptions des objets, us et coutumes qui ne font plus partis de notre quotidien. Ce riche vocabulaire m'a clairement mis en difficulté, et même avec les définitions, parfois sibyllines, du dictionnaire intégré.

Une œuvre historique dans un climat politique incertain

L'autre aspect du livre dans lequel j'ai mis du temps à plonger tient dans la situation historique et politique du royaume ibérique. Il faut savoir qu'en 1834, le roi Ferdinand VII est mort quelques mois plus tôt, et que son épouse a pris la régence, en attendant de mettre sa fille sur le trône, la future reine Isabelle II. Cette régence est malmenée par le frère du défunt roi, Don Carlos, qui a fomenté une rébellion et entamé une guerre civile pour prendre le trône.
Il y a donc une forte influence politique dans la société madrilène, également influencé par d'autres courants anticléricaux, ainsi que plein d'autres rumeurs complotistes, amplifiées par l'ignorance sur les causes de l'épidémie. Cette connaissance du climat politique a son importance et ceux qui liront le livre comprendront, et trouveront également un parallèle avec la situation d'aujourd'hui.

Un climat déjà complotiste

Les 3 écrivains derrière le pseudonyme de Carmen Mola ont écrit ce récit en pleine pandémie du COVID 19, et sans nul doute ce passé où la pandémie de cholera faisait son plein a été une occasion trop belle pour rappeler ce qu'a été de vraies épidémies meurtrières, où tout devenait déraison. Cette ambiance complotiste et de croyances païennes sans fondement font délicatement écho aux rumeurs et théories complotistes sur la Covid, et surtout comment y échapper. Il faut certes du temps pour voir nos aveuglements passagers et c'est le devoir de l'historien, ou de l'écrivain, de rappeler, que face à l'inconnu, les individus peuvent perdent toute notion de bon sens, quitte à tuer des innocents.

Une enquête à tiroir

C'est donc dans ce climat où chaque jour est incertain que se déroule l'enquête mené par le journaliste. Après un début macabre où l'on découvre la première victime, on comprend assez vite que le journaliste n'est pas le seul personnage de l'histoire. Lucia, la petite pauvrette, est en fait l'héroïne du livre, et là aussi, les 3 auteurs masculins ont décidé de mettre en avant le personnage féminin de la jeune fille, qui découvre ébahie cette société sclérosée et pleine de principes. Le journaliste et la jeune fille jouent au chat et à la souris, et nous perdent un peu. C'est que les 3 écrivains nous ont réservés de très belle surprises: on a beau découvrir qui se cache derrière la bête au bout du premier tiers du livre, et de savoir qu'à la moitié du livre, elle ne commettra plus de meurtres atroces, on se demande à quoi la seconde partie du livre va nous réserver.

Le livre est un peu comme "Games of Throne", il ne faut pas s'attacher aux gentils, et certains méchants ne sont pas si cruels que cela. La seconde partie du livre est renversante et même si on comprend la trame qui se cache le mobile de ces meurtres, on reste en haleine pour savoir comment la jeune Lucia va pouvoir sauver sa sœur séquestrée.
La fin est un peu longue et l'enjeu politique prend le dessus mais les 3 auteurs réussissent parfaitement de tenir de bout en bout leur intrigue. Il n'est pas étonnant que le livre ait décoché le prix du roman "Planeta" de l'année, équivalent ibérique de nos plus grands prix littéraires français.
Au final, ce livre m'a rappelé énormément "Cadix, ou la diagonale du fou" d'Arturo PÉREZ-REVERTE, qui se passe 30 plus tôt, lors l'invasion de l'Espagne par Napoléon. L'influence est majeure, et les 3 scénaristes ont brillamment adapté leur style moderne à une épopée épique et historique.

Référence


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