Don Winslow - The Border

Don Winslow - The BorderVoici ma critique tu dernier pavé de Don Winslow sur la lutte contre la drogue aux USA, un roman d'action où la politique s'invite au coeur du débat.

En près de 40 ans, Art keller a été au front sur le plus grand conflit aux USA: celui de la guerre contre la drogue. Et avec le temps, il a occupé tous les postes et le voici à la tête de la DEA, bien décidé à tenter une nouvelle politique.
Après s'être débarrassé du princiapl baron de la drogue, Adán Barrera, il souhaite s'attaquer au deuxième poumon du système: l'argent.

Alors qu'au Mexique les jeunes loups luttent sans merci pour s'emparer des restes du Cartel, les changements politiques aux USA bouleversent son nouveau plan d'attaque.
Ses ennemis ne sont plus maintenant les dealers, mais désormais ceux qui les financent...

Remarque: lu en anglais
Ma note: ma note
Ma critique:

C'est le troisième volet de la trilogie de Don Winslow, démarrée avec "Power of the dog (La Griffe du Chien)" et "Cartel" mettant en scène Art Keller, agent de la DEA, face à son ennemi intime, le baron de la drogue Adán Barrera, qu'il a, bien malgré lui, mis à la tête des cartels mexicains. Il est donc conseillé aux lecteurs d'avoir lu au moins Cartel pour bien comprendre tous les acteurs de cette saga.

Une entame chaotique

Et c'est une vrai saga, celle de la vie d'Art Keller, mais aussi celle des différentes familles qui dirigent les cartels mexicains. Et je n'avais pas lu les 2 premiers volets volets comptant leur ascencion. J'ai été un peu déstabilisé par le côté Cowboy du héros dès les premières pages, puis par le récit chaotique de la mise en place de ce roman. L'entame du livre va très vite avec ce guet-apens montée par la DEA pour ce débarrasser de la tête des 2 cartels les plus importants du Mexique, puis la désignation d'Art Keller aux plus hautes fonctions de la DEA.
S'ensuit une narration découpée dans le temps (plusieurs mois se passent très vite) avec l'introduction d'une multitude de personnages, avec d'un côté de la frontière les barons en place, les jeunes loups (les fils de barons), assoiffés de pouvoir, et de l'autre côté, les arcanes du pouvoir aux USA sur la lutte contre la drogue... Bref, on s'y perd un peu et j'ai même quelque peu hésité à continuer.
Mais bon, face à ce superbe pavé (700 pages) avec une intrigue très politisée et très actuelle, avec la dénonciation sous-jacente des financements des partis politiques américains, dont celui du président Trump.

Le président Dennison est Trump

Et c'est un livre à charge contre Trump. Avec ses multiples tweets, ses fake news et son gendre financier, le candidat (puis Président) Dennison est bien une dénonciation de la politique de Trump, de ses financements douteux. Don Winslow se moque bien du fameux mur de Trump en rappelant que toute la drogue et la plupart des immigrants passent par les grandes portes douanières où des flux ininterrompus de camions passent nuit et jour, et les services douaniers ne peuvent se permettent de contrôler tout véhicule passant... C'est l'économie qui tolère et fait prospérer le fléau de la drogue.

Une intrigue à plusieurs niveaux

Outre le suivi de la saga d'Art Keller et de quelques familles de Cartel, le roman est une superposition d'intrigues sur différents niveaux, entre un flic de New-York, une junkie, un agent de la DEA, un dealer new-yorkais, 2 anciens pontes de la drogue et enfin un petit migrant du Guatemala, l'auteur montre comment la drogue touche la société nord-américaine jusqu'à l'Amérique centrale. Cela rappelle le film "Traffic" de Soderbergh (l'un de ses rares bons films) où différents personnages sont confrontés au problème de la drogue et au final, le nœud de l'intrigue vient se déjouer quand ceux-ci se rencontrent, enfin.

Lutte contre la drogue, un constat d'échec

Outre la dénonciation du financement et de la corruption de la présidence Trump, c'est que l'auteur développe une autre vision pour lutter contre la drogue. L'économie de la drogue est devenu une institution. Par son personnage d'Art Keller, qui a vécu tous les combats, l'auteur nous détaille l'indéniable algèbre du trafic: tant qu'il y aura des drogués il y aura toujours plus de besoins, plus de dealer et plus de crimes autour de la prise de contrôle de ce trafic. Don Winslow rappelle que la lutte doit également passer par un axe social plus fort auprès des junkies. Il y a aura certes toujours des drogués qui feront tout pour subvenir à leurs besoins, et des dealers à la pelle. Ouvrir des salles de shoots et resocialiser les junkies sont des facteurs clés de la diminution du trafic. En reprenant les théories du professeur Alexander et de son Rat Pack où il démontre que des Rats heureux ne consomment pas la drogue à leur disposition, alors que ceux, sans lien social ou activité, se laissent consumer par la drogue.
Une nouvelle voie existe, mais bien moins concrète que la prise record de drogues et d'arrestations de dealers...

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