Henning Mankell - Depths
Par Serial Joker le lundi 4 août 2008, 14:10 - Média - Lien permanent

Résumé: Au début de l'automne 1914, au large de la Suède qui clame sa neutralité, la Première Guerre mondiale gronde. Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman reçoit la mission de sonder les fonds de la mer Baltique et de chercher une nouvelle route maritime secrète à travers l'archipel d'Östergöland. L'homme est hanté par l'idée de contrôle qu'il exerce en mesurant tout ce qui l'entoure, les masses, le temps, les distances entre les lieux, les objets et les êtres.
Mais lorsqu'il découvre Sara Fredrika vivant seule sur une îlot désolée, la présence de cette femme très vite l'obsède et démolie peu à peu ses certitudes...
Ma note:

Ma critique: Apparemment, ce n'est pas le dernier d'Henning Mankell (c'est Kennedy's Brain, lire ici) mais le précédent, paru en début d'année en français sous le nom de "Profondeurs". Après lecture, je regrette de l'avoir acheté en anglais, vu la beauté et l'étrangeté du texte, ce qui m'aurait permis de saisir toute la profondeur des propos de l'auteur.
Ce livre est assez déconcertant pour ceux qui connaissent Mankell, via le biais de ses romans policiers et son fameux inspecteur Kurt Wallander. En effet, il se distingue ici comme un véritable auteur littéraire, et non un romancier populaire. Cette uvre nous conte l'histoire d'un homme psycho-rigide, qui mesure tout ce qui l'entoure, et qui désire ardemment mesurer ce qui ne se voit pas: d'une part la profondeur de la mer, qui est sa mission, mais aussi sonder l'insondable: connaitre la profondeur de son âme et des sentiments des gens qui l'entourent.
uvre psychologique, les mécaniques du polar refont toutefois surfaces: Lars Tobiasson-Svartman est un psychopathe en puissance: la mort guette, et le héros finira par tuer. Dans ses précédents livre, c'était au travers de l'enquête de son inspecteur fétiche que l'on découvrait les tueurs et les psychopathes. Là, Henning Mankell nous plonge directement dans le cerveau de cet homme particulier, austère, psycho-rigide qui construit son mur et ses distances envers tous ceux qui l'entourent. Il nous dévoile la mécanique du psychopathe qui se construit une autre réalité, déniant certains faits et nous voyons peu à peu la bête tapie au fond de lui qui s'empare à son insu de l'homme respectable qu'il est en façade.
Ce qui est fascinant dans ce roman, c'est que nous analysons de manière objective ce que ressens le héros, mais sans toutefois savoir si les sensations du psychopathe sont ou non déformés par sa réalité. Nous ne serons jamais comment est véritablement la femme mystérieuse de l'île. D'abord sublimée telle une sirène, on découvre peu à peu qu'elle n'est sans doute pas si belle, saine et fidèle. Mais nous n'en savons rien. Tout comme l''hydrographe nous glissons inexorablement loin de nos certitudes. Le style de Mankell se révèle d'une très grande beauté, sobre, émotionnelle et glacée, tel un feu sous la glace.
Quelques liens:
Derniers commentaires